Quelques pistes sur la respiration 

Pranayma :
Ce mot vient du sanskrit prana qui signifie souffle vital, énergie et ayama qui signifie extension, aller vers quelque chose d’où l’on vient.

On peut aussi l’interpréter en décomposant le mot ainsi PRAN AN YAMA. La racine latine √an viendrait de anima qui signifie âme et qui elle vient de animos en grec signifiant le vent. On peut ainsi faire le raccourci de dire que prana signifie souffle de vie…[1] Ce qui donne PRANAYAMA : maîtriser son souffle de vie.

Avec cette explication, on comprend mieux pourquoi T.K. Sribhashyam, fils de Sri T. Krishnamacharya, nous parle du Pranayama comme l’élément indispensable du Yoga de la recherche spirituelle. C’est pourquoi dans sa tradition, un accent particulier est mis aux pranayama. Une séance commence toujours par un pranayama pour retrouver l’état mental de la dernière séance. La leçon se terminera aussi par un pranayama, ceci dans le but de prolonger les effets de la séance, dans le corps, dans l’esprit et dans le cœur.

Le pranayama est composé des 3 éléments du mouvement respiratoire : inspiration-expiration-temps de suspension (entre l’inspire et l’expire et l’expire et l’inspire).

Le pranayama va influencer l’état mental en l’occupant dans un premier temps et l’apaisant ensuite. L’état mental est le point essentiel, car de lui dépend la concentration et la respiration.

Ujjayî : Spontanément, un bébé respire régulièrement et profondément. En grandissant, nous perdons cette habitude et notre respiration devient saccadée, irrégulière, et superficielle à cause du stress et des tensions quotidiennes de la vie. Le souffle et le mental sont intiment liés. La respiration ujjâyi permet de ralentir le souffle. La respiration lente et profonde favorise un corps et un esprit calme. Elle aide à chasser les tensions. 

Ujjayi veut dire « victorieux » en sankrit. Cette technique de respiration a été surnommée aussi «respiration de l’océan» ou «souffle du guerrier» à cause du doux bruit qu’émet la gorge lors de l’expiration, qui ressemble aux roulis des vagues ou le bruit de la respiration dans le casque du guerrier (et mon imagination débordante me renvoie à Dark Vador et sa fameuse respiration…) Lorsque la respiration ralentit considérablement, l’esprit devient alerte et centré.

Dans la tradition de Hatha Yoga que j’enseigne, cette respiration ujjâyi se prend lors de l’exécution des asana. Elle se fait par le nez uniquement, en contractant les muscles internes de la gorge, dans le larynx, au niveau des cordes vocales, là où  les muscles se resserrent lorsqu’on déglutit,  comme au début de l’endormissement, juste avant de ronfler.

Il ne faut pas être trop dans la volonté, car on risque d’inspirer et expirer trop fort et se faire mal à la tête puisqu’on va « changer » l’apport d’oxygène au cerveau. Si on prend la position de jalandharabandha, ujjâyi en sera facilité.

La respiration ujjâyi permet d’accentuer les effets de la posture en respectant les limites du corps. 

Lors des séances de Hatha Yoga que je donne, la respiration ujjâyi ne se prend pas lors de shava asana.

Sans la respiration ujjâyi les postures sont possibles, mais elles n’ont qu’un effet anatomique. Avec la respiration ujjâyi, les effets sont plus subtils.

La respiration ujjâyi peut parfaitement aussi être prise en dehors des séances pour prendre conscience de sa respiration à tout moment et influencer son émotionnel, par exemple lors d’un stress en situation désagréable. Elle permet de se recentrer sur sa respiration.

Selon la pensée indienne, chaque être vivant reçoit à la naissance sur Terre un certain nombre de respirations ; la première à la naissance lors de l’inspiration et la dernière, à la mort lors de son dernier souffle, à l’expiration : de rallonger le souffle permet de vivre plus longtemps et d’apaiser le mental.

Lorsque dans la prise d’une asana, on imite un objet dit du vivant (végétal, animal, sage…) on tente de se rapprocher de son rythme respiratoire afin d’en tirer toutes les qualités de l’objet imité.

Pratiquer Ujjayî

La respiration se fait par le nez , elle est lente et contrôlée.

Asseyez-vous confortablement, en tailleur ou à genoux, le dos au mur éventuellement et tenez-vous droit, épaules éloignées des oreilles, colonne redressée, menton légèrement rentrer dans la gorge (comme le cou du pigeon). Fermez les yeux et respirer calmement. Prenez un temps d’observation de votre respiration « normale ». 🙂

Déposez votre attention sur la gorge, comme dit plus haut là où les muscles se resserrent lors de la déglutition, au niveau des cordes vocales, peut-être vous pouvez même légèrement plaquer votre langue au palais.

Respirez profondément par le nez. Un bruit doit se faire entendre : le même bruit doit se produire à l’inspire et à l’expire.

Petit à petit, essayez d’équilibrer le temps d’inspiration et d’expiration, ainsi que l’énergie mise dans chaque mouvement de la respiration.

[1] Explication linguistique de M. Merz lors du stage Bansuri en août 2016

01.07.20